Maïtena Zubeldia, agricultrice et membre du réseau Euskal Moneta, monnaie locale basque « Quel intérêt d’utiliser une monnaie locale en vente directe ? »
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Depuis la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire, qui leur donne une base légale, le rythme d’émergence des monnaies locales complémentaires s’est accéléré.
Relocaliser l’économie. En France, il existe aujourd’hui une trentaine de monnaies locales complémentaires dont l’objectif est de valoriser les circuits courts (pas seulement agricoles), de relocaliser l’économie dans un territoire et de rendre les consommateurs plus responsables. Des valeurs qui correspondent aux intérêts des agriculteurs en vente directe.
Fidéliser. Pour faciliter la circulation de l’argent, les adhérents d’une monnaie locale sont répertoriés dans un annuaire. Celui-ci permet d’atteindre de nouveaux clients ciblés qui, puisqu’ils sont réceptifs aux enjeux de la monnaie locale, sont également sensibles à la vente directe de produits fermiers. Ensuite, la monnaie les fidélise. Une fois repéré un fournisseur qui vend un produit qui lui plaît et qui accepte la monnaie locale, le client renouvelle régulièrement ses achats.
Par ailleurs, on constate que la clientèle est plus urbaine que rurale.
Comptabilité. Il suffit à l’agriculteur d’ouvrir dans sa comptabilité un compte caisse en monnaie locale, pour les encaissements des ventes et les achats. Inutile de tenir une double comptabilité.
Réseau. Quand le réseau est modeste, l’agriculteur utilise souvent la monnaie locale, après prélèvement privé, pour ses achats personnels : achats alimentaires, livres, médicaments, coiffeur, café, restaurants…
Lorsque le réseau s’étoffe, que des artisans ruraux l’intègrent, l’agriculteur peut utiliser la monnaie à titre professionnel (réparateur de machine à traire, vétérinaire, transporteur, graphiste…), comme au Pays basque où l’eusko compte 3 000 utilisateurs, soit 1 % du bassin de vie, pour 300 professionnels.
Faire circuler. La commission de conversion en euros semble toujours importante (5 % pour l’eusko). Toutefois, le but à atteindre n’est pas de convertir l’argent encaissé mais bien de le faire circuler. L’adhésion est très variable d’une monnaie à l’autre (20 à 120 €/an pour l’eusko).
Propos recueillis pat Gaia Campguilhem
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